Pour participer au débat, descendez en bas de la page.
Solidarité à l'égard du monde de la culture
Notre ami Pierre Prouvèze Musicien et cinéaste, engagé depuis toujours auprès des personnes exilées, nous envoie un mail à faire suivre sur cette liste collective, pour informer sur et soutenir l’occupation du théâtre du Merlan à Marseille. Au-delà, c’est le monde de la culture dont il est question.
A première vue, cela ne concerne pas les personnes exilées et n’entre donc pas dans le champ du réseau hospitalité.
Et pourtant, à bien y réfléchir, j’ai l’impression que c’est plutôt l’inverse ; pourquoi ?
La gestion de la Covid par le gouvernement s’est traduite par un état d’urgence sanitaire qui s’est rajouté à l’état d’urgence sécuritaire, faisant un cocktail politique qui a amené The Economist à classer notre pays parmi les « démocraties défaillantes », certains parlant même de « démocrature » . Ce registre politique est une source d’exil, nous ne pouvons rester muet.te.s.
D’autre part, se sont retrouvées fermées et interdites de fonctionnement, toutes les activités jugées « non-essentielles », c’est-à-dire, selon le gouvernement, celles qui ne concernent ni le travail, ni la consommation de base, et la santé bien entendu. Il y a des exceptions, mais qui ne font que confirmer cette règle.
La vie sociale, la militance, la vie culturelle, la vie conviviale sont devenues « sans contact », paralysées, suspendues. Jusqu’à quand ? Quand cela ira mieux, c’est-à-dire… peut-être jamais si effectivement nous sommes entré.e.s dans une ère de pandémies à répétition.
Tout cela est absurde, insensé, inacceptable ! Faut-il donc cesser de Vivre pour ne pas mourir ?
Allons-nous accepter encore longtemps de rester prisonnier.e.s de cet oxymore ?
Au début des années 2000, nous en avions déjà gobé un autre : Pour sauver la démocratie face au terrorisme, il faut suspendre un certain nombre de règles de base de la démocratie. On voit aujourd’hui où cela nous a mené.
Alors, je ressens que nous nous battons pour la même chose : ne pas être considéré.e.s comme des enfants irresponsables qui nécessitent d’être pris en charge, commandé.e.s, guidé.e.s, surveillé.e.s et éventuellement puni.e.s.
J’ajouterais que le monde de la culture est depuis fort longtemps solidaire de nos combats, il fait partie de nos combats pour la dignité de toutes et tous, alors pourquoi s’arrêter aujourd’hui ?
Qu’en pensez-vous ? Etes-vous d’accord pour leur faire connaître notre solidarité ?
Jean-Pierre Cavalié – le 14 mars 2021
15-03-2021
Les contributions
Tout est culture! Cet artiste reconnu s'exprime en décembre 2020 en toute simplicité. Il chante et danse au milieu des autres la culture qui nous réunit ici ou ailleurs sur la trame d'une résistance forte et poétique. Bravo et merci à tous les artistes, à toutes les expressions de la culture qui nous pensent vivants et ensemble, pas l'autre culture, l'arme des dominants qui veut nous instrumentaliser, nous séparer et nous écraser.
Sahra B.20-03-2021
Je suis tout à fait d'accord avec ça ! d'autant que les artistes mobilisés ont abondamment diffusé leur volonté de ne pas se cantonner à la défense exclusive de leurs métier mais bien de défendre tous les précaires et exclus. la "convergence" si souvent souhaitée commence peut être par là.
Corine L.17-03-2021
La FSU13 soutient aussi ces mobilisations de son coté nous sommes donc favorables à ce que le réseau le fasse.
Caroline C.17-03-2021
Oui il faut soutenir. Tissons une toile ensemble
Lenaïk P.17-03-2021
Rappelons-nous "Le Dernier caravansérail" d'Ariane Mnouchkine en 2003 au Théâtre du Soleil. Avec des exilés afghans. Un fabuleux spectacle, notamment la traversée du fleuve-frontière.
Jean S.15-03-2021
Le soutien à l'occupation du Merlan est une évidence car comme certains l'ont écrit nombreux sont les artistes qui ont été là quand on a fait appel à eux pour soutenir la cause des migrants, entre autres Pierre Prouhèze.
Yarmila R.15-03-2021
qui est ce, le monde de la Culture ? les grosses boites de production qui abusent et dilapident l'argent public du système d'intermittence, ou les intermittent-es qui galèrent pour avoir leurs dates ? C'est pas la même.. Bien sûr, solidarité d'abord envers les précaires, et vive le Culture, qui nous manque tant.
Françoise B.15-03-2021
J’ai connu des sortis de prison sauvés de la délinquance par le théâtre ; je connais une exilée qui a travaillé dans et pour le théâtre à Lagos (Nigéria) et qui aimerait retrouver le théâtre ; je la connais bien et peux vous mettre en relation avec elle ; cela lui redonnerait une raison d’espérer, après avoir fui son pays avec son mari (ingénieur en bâtiment torturé pour avoir osé parler de corruption dans un blog ; ils ont une petite fille qui va avoir 2 ans et attendent un 2° bébé pour mai (si vous avez des vêtements pour bébé, je récupère tout pour eux !) Donc tout ce qui peux aider, et l’expression théâtrale est un moyen comme un autre, pourquoi pas ?Très amicalement !
Danièle P.15-03-2021
la mise en scène et le jeu theatral aident les exile(e)s sur plein de points de leur personnalité:J ai eu la chance d assister à plusieurs reprises à des spectacles au théâtre de la mer joués par des des exilé(e)s. Soutien aux intermittents!
Annick. P15-03-2021
Même avis que Pascal.
Philippe B.15-03-2021
OUI. Une personne exilée n'est pas "que" "exilée" et personne ne doit se sentir cantonné à parler uniquement à partir des cadres imposés par un statut administratif et une origine (cf un mail précédent de cette boucle). Rouvrir les lieux culturels c'est surtout avoir des lieux pour élaborer, penser ensemble et à haute voix. Pour moi il n'est question ni de réciprocité des soutiens dans la lutte, ni de mélanger ou ne pas mélanger : les lieux culturels nous sont nécessaires, qui que nous soyons, que ce soit pour l'art ou pour les "à côtés" tels que les cours de français, les milliers d'ateliers qui par la création favorisent la confiance en soi de chacun dans ses droits et sa légitimité à porter sa voix, les conférences, les débats, les cours de théâtre du Théâtre de l'oeuvre, les gamins et gamines qui dansent à la Friche, les lieux en mixité choisie, tels certaines assos, clubs et boites lgbtqi+, qui portent une attention particulière à des personnes parfois maltraitées dans l'espace public. Le Merlan est une institution publique mais la réouverture permettrait à beaucoup de retrouver leur oxygène dans tout un tas de lieux, parfois confidentiels, qui font beaucoup. Et ces lieux sont des alliés.
Claire A.15-03-2021
Oui, sans réserve.
Jean S.15-03-2021
Je trouve que nous pouvons soutenir les actions entreprises pour sauver la culture. Deux idées m'intéressent dans ce qu'écrit Jean-Pierre : l'idée de l'exil qui concerne bien entendu d'abord les personnes migrantes mais aussi aujourd'hui dans cette période de pandémie, les personnes en détresse sociale et celles qui ne peuvent plus exercer leur métier comme tout le monde de la culture. Et l'idée que nous sommes considérés comme des enfants irresponsables qu'il faut accompagner : ne pouvons-nous pas ensemble trouver des solutions ? (d'ailleurs les enfants peuvent y arriver aussi !). Le monde de la culture le fait en ce moment et il nous faut donc les soutenir.
Cécile L.15-03-2021
Personnellement, non.Je considère qu'il ne faut pas tout mélanger 1. Ce sujet n'est pas directement en lien avec la mission du Réseau 2.Si l'on veut ne pas négliger les aspects culturels,voyons plutôt comment faire de la place à l'expression de la culture des migrants eux-mêmes, notamment celle de leur pays d'origine, au sein de nos associations . 3.Le monde de la culture,malgré l'importance de cette dernière, ne doit pas échapper à la priorité sanitaire.Plus nous sortirons vite de la phase actuelle de la crise sanitaire et mieux la population se portera socialement et humainement, en particulier les plus vulnérables
Pascal G.15-03-2021
Le monde de la culture n'est pas un monde fermé et de nombreux artistes ont clamé leur indignation concernant la maltraitance des migrants. Logique d'être solidaires de leur lutte pour l'arrêt de notre infantilisation collective
Rabha A.